Tania, caissière dans un supermarché, vit seule. Confrontée par son travail à un monde sans pitié, elle désespère de trouver l’être aimé. Jusqu’au jour où elle rencontre Jade, jeune femme qui comme elle se tient à l’écart de la vie. Sauf que Jade se révèle aussi imprévisible qu’insaisissable...
La naissance d’un amour racontée avec les mots - et les maux - d’aujourd’hui. Une histoire rugueuse et attachante, pleine de vie, d’élans et de liberté.
Extrait :
(...)
Aboiements lointains. Une guitare qu’on ajuste et sur laquelle on frottera quelques accords incertains.
JADE. – Bon alors
T’as pas quelque chose à me dire ?
TANIA. – Hein ?
JADE. – Vas-y fais pas genre « je t’ai carrément pas vue j’étais all alone avec moi-même »
À chaque fois qu’on passe Cristal et moi à côté de là où crèche le rasta
Tu me regardes comme si tu voulais m’avaler
Même Cristal elle grogne tellement elle te sent pas
Et Cristal elle grogne jamais
TANIA. – D’accord
JADE. – Et là elle t’a grave détectée meuf
Donc y a un truc
Elle a peut-être l’air d’une momie toute desséchée mais son flair est nickel
CRISTAL NON
Jade s’échappe en râlant.
TANIA. – Cette fille-là traine toujours à l’éco-parc des Carrières
Tout le temps avec sa bestiole super laide au bout de la laisse
Cristal
Ce qui est franchement un nom très moche
Toutes les deux c’est pire que des petites mamies quand elles se baladent
JADE, revenant. – Donc
Pourquoi tu m’espionnes ?
TANIA. – Mais je t’espionne/
JADE. – C’est pas bien de mater comme ça sans dire bonjour
Je pourrais te prendre pour une détraquée
On sait jamais de nos jours
TANIA. – Des fois elles ont le nez noyé dans le ciel
Comme si le ciel c’était une piscine olympique
JADE. – On t’a coupé la langue ?
TANIA. – Mardi dernier je les ai chronométrées tellement elles prennent leur temps
JADE. – Je t’impressionne c’est ça ?
TANIA. – Oui j’avoue
JADE. – Avec mon petit requin de combat ?
TANIA. – J’avoue ça fait un bail que je l’observe
Enfin bref mardi dernier je décide de compter dans ma tête
Pour voir combien de temps il leur faut pour traverser le parc
Depuis chez le gardien rasta
Jusqu’au chemin Gérard Philippe
JADE, comptant en même temps avec ses doigts. – Tic toc
Tic toc
Tic toc
Tic toc
Tic toc
Tic toc
Tic toc
Tic toc
Putain meuf t’es fortiche
TANIA. – Elles ont mis une éternité
JADE. – Tu tiens super longtemps sans rien dire c’est incroyable
TANIA. – Du coup moi j’ai pris le temps de mâter
Je la regardais avancer au ralenti
Tel un héros américain
JADE. – Moi je pourrais jamais
TANIA. – C’était bizarrement beau
JADE. – Ça me rendrait dingue