Claire, 26 ans, rêve de devenir chanteuse et de concourir à l'émission To be a star. Mais souffrant de troubles psychiques et internée dans un hôpital psychiatrique pour avoir frappé à mort son voisin qui tentait d'abuser d'elle, elle aura à se confronter aux verdicts de la médecine et de la justice.
- Une écriture juste, économe et sensible et des personnages forts pour parler de l'autisme et de la manière dont nos institutions parviennent - ou non - à l’accompagner.
1- Je me sens pas.
Un hôpital psychiatrique.
Une chambre de patient. Un lit.
Claire et Raphaël.
RAPHAËL : Claire ? Ça a été la nuit ?
CLAIRE : Oui
RAPHAËL : Comment tu te sens ?
CLAIRE : Je me sens pas.
RAPHAËL : Qu’est-ce que tu as fait ce matin ? Claire ne répond pas. Tu as parlé à Maman ?
CLAIRE : Non. J’avais rien à lui dire.
RAPHAËL : Qu’est-ce que tu as fait alors ?
CLAIRE : Je suis restée longtemps sous le lit.
RAPHAËL : Arrête de faire ça, Claire. Je ne veux pas que tu te mettes sous le lit. Je te l’ai déjà dit.
CLAIRE : Je fais ce que je veux.
RAPHAËL : Ce que tu veux, ce n’est pas forcément bien pour toi.
CLAIRE : Quand est-ce qu’on rentre à la maison ?
RAPHAËL : Bientôt.
CLAIRE : Pourquoi on n’est pas à la maison ?
RAPHAËL : Tu veux aller te balader dans le jardin ?
CLAIRE : Pourquoi je ne suis pas à la maison avec toi ?
RAPHAËL : Claire...
CLAIRE : J’ai besoin d’être à la maison pour m’entraîner. Je dois m’entraîner pour To be a star.
RAPHAËL : Ecoute pour l’instant, l’émission c’est pas notre priorité.
CLAIRE : Je dois m’entraîner pour To be a star. Je dois être à la maison. Ici, j’ai pas mon micro, j’ai rien. Je peux pas chanter. Je peux pas chanter. Je dois aller à la maison.
RAPHAËL : Je sais. Ca va s’arranger.
CLAIRE : Tu dis toujours que ça va s’arranger mais t’arranges jamais rien.
Claire se glisse sous le lit.
RAPHAËL : Je vais essayer d’aller chercher ton micro à la maison, d’accord ? D’accord. Silence. Tu peux partir maintenant.
Raphaël sort.
2- Pourquoi je suis ici ?
La chambre d’hôpital.
Claire et Antoine.
ANTOINE : T’es bien là-dessous ?
CLAIRE : Oui.
ANTOINE : Tu veux qu’on aille voir le jardin ?
CLAIRE : Je sais pas.
ANTOINE : Tu préfères peut-être qu’on discute un peu ?
CLAIRE : Je sais pas.
ANTOINE : Tu ne sais pas.
CLAIRE : Oui.
ANTOINE : Tu veux que je m’en aille ?
CLAIRE : Pourquoi je suis ici ?
ANTOINE : On en a parlé hier midi quand tu es arrivée. Tu te souviens ?
CLAIRE : J’ai toujours pas compris pourquoi je suis ici.
ANTOINE : Tu es ici parce que tu es sûrement choquée de ce qui s’est passé hier justement.
CLAIRE : Non, je ne suis pas choquée, je veux rentrer chez moi.
ANTOINE : Pour l’instant, tu ne peux pas rentrer chez toi.
CLAIRE : Pourquoi ?
ANTOINE : Parce qu’il s’est passé quelque chose de très grave, Claire. Et moi, je suis là pour m’occuper de toi en attendant.
CLAIRE : En attendant quoi ?
ANTOINE : En attendant de savoir si tu pourras rentrer chez toi ou pas.
CLAIRE : Je veux rentrer chez moi.
ANTOINE : Je sais mais tu ne peux pas. Silence. Il faut très beau dehors, ça te ferait du bien de prendre l’air.
Elle sort de sous le lit.
Antoine lui touche le bras pour l’aider à se lever, mais Claire se recroqueville en poussant un cri.
(...)