Une mère est arrêtée par la police pour avoir laissé sur la voie publique un papier de bonbon. Devant le grotesque de l’affaire, elle accuse d’abord son fils avant de reconnaitre les faits et sa responsabilité. Elle est condamnée. Pour conjurer le sort, elle fait appel aux forces de la nature et se transforme en ourse...
Un conte dystopique étonnant pour mettre en lumière les dérives policières de notre société et nous rappeler à notre humanité dans ses racines les plus profondes. Une confrontation inspirée entre temps futurs et temps anciens.
extrait
(...)
LE PERE
Monsieur ? En quoi on peut vous aider ?
LE POLICIER
Bonjour, excusez-moi de vous déranger si tard. J’aurais une question à vous poser. J’aimerais savoir si vous reconnaissez ce papier de bonbon ?
LA MERE
Quoi ? Non.
LE POLICIER
Regardez bien madame. Ne soyez pas si pressée de répondre. Vous pouvez le prendre dans vos mains. Allez y, regardez le.
Il lui donne le papier.
Alors ?
LA MERE
C’est une blague ? Je ne vois pas du tout où vous voulez en venir.
LE FILS
Si ! C’est le bonbon qu’on a mangé tout à l’heure.
LE POLICIER
Ah, votre fils semble avoir une bien meilleure mémoire que vous.
LE PERE
Mais... Je ne comprends rien. Qu’est ce qu’il a de spécial le bonbon ?
LE POLICIER
Monsieur, je vous demanderais de vous taire. Donc madame, vous reconnaissez bien avoir mangé ce bonbon ?
LA MERE
Oui c’est possible, oui, peut-être.
LE POLICIER
Pourquoi ne pas avoir mis le papier à la poubelle dans ce cas ?
LA MERE
Comment ça ?
LE POLICIER
Ce papier a été trouvé sous un banc, à 200 mètres de l’école où est scolarisé votre fils.
LA MERE
Et ?
LE POLICIER
A vous de m’expliquer… Je suis tout ouïe.
LA MERE
Y a absolument rien à expliquer. Mon fils avait deux bonbons. Il en mange un et j’en mange un aussi. On passe un petit moment sur le banc, tous les deux. Il a dû le jeter par terre sans faire attention, ça arrive. Voilà. D’ailleurs je vais le mettre à la poubelle tiens.
LE POLICIER
Tututut. Non madame. Ceci est une pièce à conviction. Veuillez me rendre ce papier.
LA MERE
C’est absolument grotesque. Chéri, tu feras attention la prochaine fois. Les policiers n’ont rien à faire. Alors ils viennent sonner chez toi à 19h à cause d’un papier qui n’est pas à la poubelle. Et tout le monde est embarrassé, le policier, nous…
LE FILS
Mais non maman, c’est pas moi.
LA MERE
Sévèrement.
Bon ça suffit maintenant. Tu as fait une bêtise, c’est pas grave. Ca arrive. Maintenant, on va laisser monsieur le policier rentrer chez lui car il a certainement une famille qui l’attend aussi pour faire des crêpes.
LE FILS
Non maman, c’est pas moi. Mon papier il est dans ma poche. C’est pas moi qui l’ai fait tomber.
Il sort le papier de sa poche.
LA MERE
Oui, peu importe. Peut-être que c’est moi, ça arrive…
LE POLICIER
L’affaire est plus grave que ce que je pensais. Donc, vous ne reconnaissez pas les faits.
LA MERE
Merde, non ! Je ne reconnais rien du tout. Il est 19h. Mon fils attend pour prendre son bain et manger des putains de crêpes, son repas préféré. On se faisait une fête à l’idée de les manger, en famille et de célébrer le nouveau travail de poulet de mon mari. Et vous, vous venez nous faire chier pour un papier qui est tombé. Je ne reconnais rien du tout. Je n’ai rien fait de mal.
LE POLICIER
Ce n’est pas à vous de décider ce qui est bien ou pas. Il y a des lois pour ça. Vous allez devenir policier Monsieur ?
LE PERE
Non... Juste une animation pour un resto.
LE POLICIER
Donc ce papier ?
LE PERE
Monsieur. Il semblerait que le papier n’ait pas été jeté à la poubelle mais la coupable a été démasquée. Je pense qu’on peut s’arrêter là, non ?
LE POLICIER
Notant sur un procès verbal.
Madame, non seulement vous avez jeté un papier par terre alors que c’est interdit par la loi. Mais vous n’avez pas reconnu les faits et avez accusé votre fils. Malheureusement pour vous, vous avez été filmée.
(...)