Une nuit, un enfant, dont la mère est absente, est visité par deux questions : « Comment tout a commencé ? » et « Pourquoi je suis moi-même ? ». Convaincu qu’il ne dormira plus s’il ne trouve les réponses, l’enfant va voir son père qui lui propose de remplacer son sommeil par une histoire ancienne narrant l’origine du monde : Le Kojiki…
Une adaptation libre et inspirée du récit fondateur de la religion Shintô, pour raconter l’éveil de la conscience face au mystère de la vie et du monde. Une très belle épopée pour tous publics.
extrait :
2 AVANT LE VENTRE DES MÈRES
Le père - L’enfant
Père : Il est tard. Tu devrais dormir.
Enfant : Il y a des questions qui sont venues dans mon lit.
Et elles ont pris ma place.
Père : Tu ne veux pas retourner te coucher?
Peut-être qu'elles s’en iront.
Enfant : Non, elles ne s’en iront pas.
Père : Pourquoi?
Enfant: Elles ont volé mon sommeil.
Père: Vraiment?
Enfant: Oui. Je ne peux plus dormir.
(un temps)
Papa, je ne sais pas quoi faire.
Père: Viens t'asseoir à côté de moi.
Elles disent quoi tes questions?
(l'enfant dit les questions à l'oreille du père)
D'accord. Je vois.
Elles sont grandes tes questions.
Je comprends que tu ne dormes pas.
(un temps)
Enfant: Et puis il y a aussi maman qui me manque.
Et le noir dans la chambre qui est tellement grand.
Père: A ton âge, on n'a plus peur du noir.
Enfant: J'ai pas dit que j'avais peur du noir.
Je ne le comprends pas. C’est pas pareil.
Père: Oui, tu as raison.
Enfant: Papa?
Père: Oui?
Enfant: Est-ce que tu connais les réponses à mes questions?
Père: Non. Je ne crois pas.
Enfant: Non?
Père: C'est tes questions. C'est toi qu'elles sont venues voir.
Alors laisses les marcher à tes côtés. Et peut-être qu'avec du temps, elles t'emmèneront vers tes réponses. Tes réponses à toi.
Moi j'ai les miennes, mais elles ne marchent qu'avec moi.
Et puis ce sont des réponses d'adulte; sur toi, ça ferait comme un vêtement trop grand, ça ne marcherait pas.
Enfant: Quand même, j'aimerais bien que tu me donnes un peu de tes réponses.
Père: D'accord. Écoute: ce qui est important, ce n’est pas de dormir ou pas.
Ce qui est important, c'est ce qu'on fait avec ses questions.
Beaucoup de gens ne prennent pas le temps d'écouter vraiment ce que les questions ont à leur dire. Ça leur fait peur. Alors ils font semblant de savoir.
Mais à l'intérieur, les questions elles sont toujours là, elles attendent.
Et comme personne ne s'occupe d'elles, elles fanent lentement.
Et ça fait des gens tous pourris à l’intérieur.
Les questions c'est comme des fleurs. C'est ce que je me dis.
Il faut prendre soin d'elles, les laisser grandir, leur donner de l'eau, jusqu'à ce qu'elles fleurissent.
(…)