Nour, interne en cardiologie, est originaire du Moyen-Orient. Elle est venue en Europe pour poursuivre sa spécialisation avec l'espoir de retrouver sa mère, Hayat, qu'elle a à peine connue. Sa rencontre avec Joran, étudiant antillais en agronomie va bouleverser sa vie. Avec lui, elle va tenter de réinventer le monde. Ils décident de rejoindre une communauté en plein cœur de la forêt.
Une fresque passionnante au croisement des destins, pour raconter notre désir d’utopie et notre capacité à choisir, en lien ou en rupture avec nos origines.
Extrait
Samy : Allo ? Allo ? (Ça raccroche à l’autre bout du fil)
Le téléphone sonne à nouveau.
Samy : Hello, Hello, who’s on the phone ?... It was you who called earlier ? Hello ?
Nour : Nous nous sommes rencontrés une fois au pays.
Samy : Qui êtes-vous ?
Nour : La fille d’Hayat.
Samy : Je ne comprends pas… Hayat ? La fille d’Hayat ? Quand est-ce que je vous aurais rencontrée ?
Nour : Vous cherchiez Hayat au pays et vous m’aviez donné votre carte, c’est pour ça que j’ai votre numéro de téléphone.
Samy : …
Nour : Vous êtes toujours là ?
Samy : Oui.
Nour : Vous vous souvenez de notre rencontre ?
Samy : Oui.
Nour : …
Samy : Pourquoi vous m’appelez ?
Nour : Je voulais vous dire que je n’ai pas pu lui donner votre carte. Je ne l’ai pas trouvée.
Samy : …
Nour : Je suis venue exprès en Europe pour la retrouver, mais je n’y suis pas arrivée.
Samy : Pourquoi vous me racontez tout ça ? Pourquoi vous m’appelez maintenant… trois ans après.
Nour : Je veux que vous sachiez que je n’ai jamais pu lui donner votre carte. Je lui ai aussi écrit pour lui dire que vous m’aviez donné votre carte, elle ne m’a jamais répondu. Je ne sais même pas si elle a reçu cette lettre.
Samy : …
Nour : Quand vous êtes venu et que vous m’avez parlez d’elle, j’ai réalisé que vous la connaissiez bien mieux que moi. Ça m’a mis mal à l’aise. Je ne l’avais pas vue depuis si longtemps. Elle a coupé les ponts avec toute la famille quand elle a appris la mort de son frère Amir.
Samy : Amir son petit frère adoré il est mort ?
Nour : Vous l’avez connu ?
Samy : j’ai la sensation de l’avoir connu, elle m’en parlait tellement souvent.
Nour : Il s’est beaucoup occupé de moi quand j’étais petite, et puis il est mort.
Samy : Comment ?
Nour : Une balle dans la tête. Soi-disant légitime défense. Il marchait les mains dans les poches. Depuis ce moment-là j’ai perdu toutes traces de ma mère. Et quand vous êtes venu demander de ses nouvelles je n’ai pas osé vous dire que j’étais sa fille.
Samy : Pourquoi ?
Nour : Je ne sais pas.
Samy : Et votre père ?
Nour : Mon père ?
Samy : Vous avez bien un père ?
Nour : …
Samy : Qui est votre père Nour ?
Nour : Je ne sais pas.
Silence