Un matin au Mexique, une femme portant perruque et lunettes de soleil entre dans un bus et tire sur le chauffeur. Marianne, journaliste française, est appelée pour couvrir l’événement. Alors qu’elle enquête et interroge les témoins, des hommes se font tuer de la même manière un peu partout dans le monde.
Une fiction politique saisissante inspirée de faits réels, interrogeant la légitimité du recours au meurtre pour les femmes victimes de la violence des hommes.
Extrait
1.
Jingle Podcast de radio Les Furieuses
Marianne Muller
Ciudad Juarez, Mexique, 24 janvier, 5 heures du matin. Tout a commencé là.
C'est la première fois que je monte dans un de ces bus.
Je vois bien que toutes ces femmes supportent beaucoup mieux la chaleur que moi.
Moi, je ruisselle, et j'en ai un peu honte.
Elles sont toutes en train de discuter, bruyantes et anxieuses.
Il ne reste plus une seule place.
Elles me regardent toutes avec amusement.
Qui peut bien être cette grande blanche avec un micro tendu vers elles ?
Au fond. Une jeune fille. Seule. Elle regarde par la fenêtre.
Nous allons vers elle, avec Paola, ma traductrice.
Marianne. Bonjour, je m'appelle Marianne. Je fais un reportage sur les crimes commis envers les femmes à Ciudad Juarez. Je viens de France. Tu voudrais bien m'en dire quelques mots ?
Elle me répond quelque chose en espagnol. Très vite. Je ne comprends rien. Je demande à
Paola ce qu’elle a dit. Elle me répond qu’elle ne veut pas me parler.
Je voudrais dormir
Simplement m’allonger et dormir
Fermer les yeux et rêver d’un corps sans tremblements J’ai la bouche tellement sèche
Je suis seule
Je me parle dans ma tête mais je crois que mes lèvres bougent
Ça fait combien de temps
2.
Au téléphone. Bruit de foule en liesse.
Paola. Marianne ?
Marianne. Paola ? C’est toi ?
Paola. Marianne. C’est la folie ici.
Marianne. Qu’est-ce qui se passe ? Allo ?
Paola, il se passe quoi ?
Paola. C’est les filles.
Tu les entends ?
Elles sont folles de joie. Si tu pouvais voir ça.
Marianne. Mais de quoi tu parles ?
Pao, mets-toi plus loin j’entends rien.
Paola. Il faut que tu viennes Marianne.
Il faut absolument que tu viennes. Tu dois voir ça.
Marianne. Voir quoi ?
Paola. C’est arrivé.
Y en a une qui l’a fait. Tu te rends compte ?
Marianne. Mais de quoi tu parles ?
Paola. Elle a mis une perruque blonde et des lunettes. Elle est montée dans le bus et elle a tiré.
Marianne. Calme‐toi.
Tu parles trop vite, je comprends rien.
Paola. Mais oui, tu comprends rien. Sur un chauffeur.
Une femme a tiré sur un chauffeur. Marianne.
Elles se réveillent. Je te l’avais dit.
On se réveille. Enfin.
(…)